Un soir de pluie, et de brouillard ...

Le chaman était assis sur une bute, sur les hauteur de Ratchet. Même si ce bled avait change de nom Dieu seul sait pour quelle raison stupide, il continuerait de l’appeler ainsi, personne n’était plus tetu qu’un orc, surtout celui-ci.

Depuis son départ de la piraterie, il n’avait jamais pu se résoudre à quitter cet endroit des Tarides, et malgré le mauvais temps de cette soirée, il était dehors, près d’un feu de camp dont les quelques braises ne parvenaient pas à le réchauffer.

Au milieu de l’hiver, même dans ces contrées du sud, les nuits peuvent être rudes. Manitou sorti son chillum, le bourra à ras bord de feuilles bien sèches et alluma le foyer. Ses premières grosses bouffées tirées, il se sentait déjà bien mieux.

Laconiquement, le chaman entonna une chanson improvisée dont il avait le secret :

Un soir de pluie et de brouillard,
Quelques gobelins passent sans me voir,
Une insomnie qui tourne au cauchemar,
J’n’ai qu’une envie, m’faire un pétard.

De toute façon, j’n’voulais pas sortir,
Mais ce soir, j’avais le blues dans mon plumard.

Un genre pirate vient m’accoster,
Joue le mystère pour m’épater,
La, sous la pluie, il veut bavarder,
Ses p’tits ennuis m’donnent la nausée.

De toute façons moi c’que j’veux c’est dormir,
Mais ce soir, j’avais le blues dans mon plumard.

Un soir de pluie …


Le pirate s’enfonça dans le brouillard. Cela faisait longtemps que Manitou n’avait pas vu de pirate, un vrai, avec le tabard à tête de mort si caractéristique de la Confrérie des Pirates… celui-ci devait être un des derniers vivants !

Le pirate s’arrête derrière l’amoncellement de caisses au bout du dock. Manitou a peine a le distinguer, mais a présent il a été rejoint par une autre personne de grande stature, apparemment un Tauren, avec de larges cornes. Leur discussion fut brève, mais comme ils se sont serrés la main en partant, chose assez improbable avec un pirate en général, le chaman en déduit que quelque chose se tramait dans les parages.

Sur le chemin du retour, le chaman ralluma son chillum en réfléchissant a la silhouette de l’inconnu avec le pirate … elle lui semblait familière.

Il faudra être vigilant les prochains jours, le quartier risque de retrouver un peu d’animation, ce qui n’était pas pour déplaire a l’orc-chaman-marabout-desenvouteur-charlatan.


(A suivre…)

Putain, ça tourne pas rond dans mon crâne.
Mal de mer ?
Naaaan…

Bon je récapitule.
Voilà maintenant près de sept mois que j’ai quitté Cabestan.
Mon séjour dans les mers du sud n’a pas été aussi providentiel que je l’aurais souhaitée.
Et j’dois même dire que j’en reviens toujours pas. L’autre cinglée qui m’avait prédit un avenir apocalyptique. Mon cul ouais, s’est rien passé du tout.

J’ai juste réussi à perdre mon zep à la roulette sabrée. La partie était serrée, mais c’est ce bouffon vert de baron de mes deux qui a raflé la mise, l’Oraison Funeste dans le lot. Je te dis pas la tronche que j’ai fais. Mais bon, on se reverra lui et moi.

Bref, la prophétesse s’est plantée, y avait rien là bas.
Pas d’événements significatifs, juste la routine, la mer au fond de mon verre, l’argent qui défile et la bonne chair qui console. Au fond, j’suis encore pirate.
Toujours à traîner de l’épave dans les comptoirs. A baver sur tout ce qui bouge.
Brûler sept pavillons, s’attacher au grand mat et pactiser avec un chat à neuf queues.
Putain, ça virevolte sec dans ma caboche.

Ouais un pirate de retour au bercail.

Araja foula les quais en faisant claquer ses bottes à éperons.

Désert, désolation... Plus rien...


Le vieux troll avait oublié sa raison d'être....il ne savait
plus pourquoi il était là..



Dans les méandres de son esprit, le voyageur s'était
perdu.... et plus rien ne le rappelait à la raison...plus rien ne le rappelait
à terre.


Il pouvait enfin s'abandonner à sa mère, l'océan l'absorbait de plus en plus.


Pourquoi? Pourquoi était il revenu?


Comment avait il pu risquer ses biens, sa femme...son
salut...


Réveil toi!!


Putain d'vieux qui tient plus un verre.... Debout tu
r'prends du service j'ai besoin d'toi!




Le troll se frotta les yeux avant de decouvrir en face de
lui une robuste silhouette plutôt familière...


Hein? mais? Pourquoi?



Tu veux que j'te dise pourquoi foutu fumeur d'herbe? Parce
que t'es un pirate et toujours tu le
resteras, voila pourquoi!

T'es content? Alors maintenant lève toi on a du boulot.



Les deux individus disparurent petit à petit dans l'ombre d'une caverne....

Suite à sa discussion nocturne avec Leag, Gratpoil voyait avec plaisir de plus en plus de tabards pirates ressurgir à Ratchet.

Ces trois années loin de ce petit port des Tarides avaient beaucoup changé l’ancien capitaine. Certes, il était prisonnier, et obligé de combattre les armées du Roi Liche pour le compte de l’Alliance, un comble ! Cependant, ces années de servage ont aussi fait de lui un homme riche, très riche.

Et depuis sa « libération » il n’avait qu’une seule idée en tête, retrouver les pirates, et les rejoindre a nouveau, comme avant … sauf qu’aujourd’hui les mouches avaient changé d’âne, et le vieux capitaine allait essayer de faire comprendre aux hommes qui voudraient les rejoindre dans leur cause, que seuls de l’argent, de l’équipement lourd et une sacre dose de courage, ou de stupidité, pourraient leur permettre de retrouver leurs glorieuses heures passes ... et pas seulement quelques rapines a Ratchet, ou magouilles avec le Lotus Pourpre, tenu par des catins écervelées et amateures, ou meme encore le racket des gens de passage. Non, le drapeau noir allait a nouveau faire frémir dans les chaumières.

Le drapeau noir reste le drapeau noir, et se battre pour lui transcendait les hommes, même les vieux capitaines.

D’ici quelques jours, ou quelques semaines tout au plus, ils réussiraient à rameuter suffisamment d’hommes d’équipage pour le raffiot que le tauren avait planque dans les mers du Nord.

Gratpoil n’en pouvait plus, il voulait reprendre les activités aussi vite que possible, même Leag, bien que plus jeune que lui, n’était pas aussi presse … mais a eux deux, ils allaient regrouper le plus improbable rassemblement de crapules existantes sur les sept mers, et mettre a nouveau Azeroth a feu et a sang, sans pitié, sans remords et sans regarder derrière eux les rivières de sang s’échappant des cadavres de leur ennemis.

Grat’, un sourire nostalgique aux lèvres, se rappela une chanson :

Y en a qui deviennent sergents
Ou marchands d'peinture
Y en a qui vendent des cures-dents
ou de grosses montures
Y en a qui restent tout le temps
Enfermés comme des patates
Mais moi quand je serai grand
Je serai Pirate.

Les Pirates ont des tas d'frégates
Des sabres pointus et pas de cravate
Les pirates ont des poils aux pattes
Et une tête de mort sur les omoplates
Les pirates ont des jambes de bois
Et de gros saphirs luisent à leurs doigts
Les pirates ont des nez vermeils
Et des anneaux d'or pendus aux oreilles.

C'était la deuxième fois que l'orc débarqua en ville. Mais sans la même fougue, les mêmes armures, ni la même force qu'autrefois. Les derniers mois, il était partit en vadrouille à travers tout Azeroth. Fidèle a lui même, il s'enrichit tantôt.
Menant ses affaires, s'appauvrit en mettant son argent dans le jeu, l'alcool et les déboires. Ses déboires.. quelle idée avait-il eu en allant vendre des verroteries en les présentant comme pierres précieuses aux pirates des mers du nord. Ces dernier, l'avait alors passé a tabac, pendant plusieurs semaines il erra avec béquille et attelle.

Après sa mésaventure, son bras, resté faible, il abandonna sa hache pour des armes plus légère et s'entraîna au maniement de l'arc.
En quelques mois il atteint une bonne maîtrise de ces nouvelles armes.
Quelque temps plus tard, il entendit maintes rumeurs, sur des tabards au crâne dans les villes du cartel.

Il retourna a cabestan dans l'espoir de retrouver certains de ses ancien compagnons et peut-être remonter sur le pont d'un raffiot pirate, le crâne sur le torse.