Le regard noir, la petite Aphra fixait le sol. Jintà, la vieille trolle, soupira, fatiguée.
« Aphra, tu es presque une jeune fille maintenant. Te battre avec les garçons du village me met vraiment dans une position embarrassante. »
« Mais c’est pas moi … » La vieille trolle coupa aussitôt les explications de la jeune fille.
« Je ne veux plus t’entendre . Tes actes vont me forcer à prendre une décision à laquelle j’aurai aimé réfléchir »
Silencieuse, Aphra revoyait les événements qui l’avait conduite à cette situation.
Il était tard, elle se dépêchait de rentrer après avoir passé la journée chez Un’Thuwa, un vieux troll dont la tribu se méfiait. Il lui avait remis un paquet soigneusement enveloppé et une lettre à remettre à sa tutrice.
La nature était calme autour d’elle seuls les habituels grognements des animaux environnants venaient la troubler. Pourtant, une sourde inquiétude faisait se tenir Aphra sur ses gardes.
Au détour d’un virage, Aphra comprit. Une bande de jeunes trolls se tenait plus loin sur le chemin . Elle les connaissaient pour leur brutalité et leur présence sur sa route l’inquiétait. Le cœur battant, Aphra se résolut à avancer tout de même. Apres tout, ils n’étaient que de jeunes trolls comme elle. Alors que pourraient-ils bien lui faire ?
Les ayant dépassés, Aphra commençait à retrouver sa sérénité. Lorsque, soudain, une main se posa brusquement sur son épaule.
« Hé ! La « sans-famille » ! Il y a quoi dans ton sac ? »
Les quatre adolescents l’avaient rattrapés apparemment résolu à avoir une réponse.
« ça te regarde pas et laisse moi passer s’il te plaît » grogna la jeune fille le regard froid.
Un coup de poing la projeta contre le sol, Aphra sentit les larmes monter et le goût du sang envahir sa bouche.
« On t’a posé une question, il me semble ! Tu foutais quoi chez le vieux fou ? » hurla le plus grand appuyant ses cris par de grands coups de pieds dans le ventre de la jeune fille.
Aphra se recroquevillait sous les coups, elle sentait la rage lui glacer le corps au fur et à mesure que la douleur s’intensifiait. Soudain, l’air sembla geler sur place et un blizzard de glace s’abattit sur les quatre garçons leur lacérant la peau et les obligeant à prendre la fuite.
Sans force, Aphra perdit connaissance. Quand elle se réveilla, elle était confortablement installée chez Jintà, un feu emplissant la pièce d’une douce chaleur.
On avait pris soin de panser ses blessures et une fiole vide, sans doute une potion de soin, était posée à côté du lit . Aphra se redressa sur le lit, son corps endolori la faisant toujours souffrir. La vieille trolle se tenait devant elle et elle écoutait sans broncher son sermon. Les pères des jeunes trolls , des notables du village, étaient venus le matin se plaindre exigeant le départ de la jeune fille.
Grave, la responsable de l’orphelinat s’approcha du lit :
« Aphra, j’ai retrouvé le paquet et la lettre qui m’étaient destinées dans ton sac et cela te concerne mais nous verrons cela plus tard. Voilà ma décision te concernant. Les pères de ces jeunes trolls exigent ton départ et il est hors de question pour moi de t’abandonner. Nous allons suivre la horde sur l'autre continent avec la tribu. La bas, ils construiront une nouvelle ville où tu apprendras ce qu'Un'thawa a commencé à t'enseigner. La magie n'est pas bien vu par la tribu mais là-bas, tout sera peut etre different. »
Aphra était restée sans voix, abasourdie par la nouvelle. La crainte et l’excitation se mêlaient dans son esprit. Une lettre qui la concernait, une nouvelle vie dans une grande ville, tout cela la rendait folle d’impatience. Elle aurait aimé demander à Jintà ce que disait le courrier et quel était ce paquet et surtout comment elle avait réussi à provoquer un blizzard à elle seule mais elle sentait que ses questions ne seraient pas les bienvenues après ces derniers événements. Alors, malgré sa douleur, incapable de rester coucher plus longtemps, Aphra se leva et commençât à réunir ses affaires.